Projet éducatif

Valeurs & objectifs
Nos valeurs

Notre pédagogie s’inscrit résolument dans l’esprit du Décret relatif à la prévention, à l’aide et à la protection de la jeunesse qui dispose que la réaction judiciaire à l’égard du mineur ayant commis un fait qualifié infraction poursuit des objectifs d’éducation, de responsabilisation, d’émancipation et d’insertion sociale.

Notre accompagnement est pensé dans l’intérêt du jeune et respectueux de ses droits. Nous construisons un accompagnement sur mesure, en adéquation avec les besoins du jeune, ses attentes, ses centres d’intérêt, son âge, ses ressources personnelles et ses difficultés.

Nous appréhendons l’adolescent dans sa globalité et sa complexité, en tenant compte de son environnement et en refusant de le réduire au fait qui lui est reproché. Quelle que soit la mesure pour laquelle STAR est mandaté, notre objectif est de valoriser le jeune en mettant en lumière ses forces.

Notre intervention vise à favoriser son intégration sociale, à promouvoir son autonomie et son épanouissement.

S.T.A.R. met un point d’honneur à l’éducation à la citoyenneté. Nous favorisons le développement de l’esprit critique du jeune, de ses capacités réflexives et de sa conscience citoyenne. Nous le sensibilisons à la notion de vivre ensemble et aux valeurs essentielles pour y parvenir : la liberté, l’égalité, la solidarité, le respect, la tolérance, la responsabilité individuelle et collective et l’esprit de justice. Nous aidons le jeune à prendre conscience des ressources à sa disposition au sein de la société dans laquelle il évolue ainsi que de sa propre utilité sociale.

Malgré un cadre d’aide contrainte, l’équipe de S.T.A.R. s’efforce de susciter l’intérêt du jeune afin que l’intervention lui soit bénéfique. Pour ce faire, nous œuvrons à instaurer un climat de confiance et créer une alliance éducative, qui supposent :

– Un positionnement bienveillant, empathique, compréhensif et à l’écoute de l’intervenant social;
– L’accord sur les objectifs de l’accompagnement;
– L’établissement d’un lien de qualité;
– Le respect du Code de déontologie et en particulier du secret professionnel;
– La participation active du jeune dans les activités psychosociales et éducatives, notamment par l’utilisation de supports pédagogiques.

La collaboration avec les familiers des jeunes que nous accompagnons est au cœur de notre intervention. Nous œuvrons pour soutenir les parents (ou toute autre personne exerçant cette fonction) dans leur parentalité. Sensibilisés à l’approche systémique, nous travaillons avec la famille afin de mettre en évidence ses ressources et, de cette manière, qu’elle puisse soutenir l’adolescent dans son développement.

Le travail en réseau est une composante centrale de notre travail. En effet, S.T.A.R. exerce une fonction de reliance : nous œuvrons pour favoriser le maintien et la création de liens entre les bénéficiaires, S.T.A.R. et les autres institutions du secteur de la prévention, de l’aide et de la protection de la jeunesse (ou partenaires). Notre objectif est de favoriser la construction de réseaux de solidarité permettant de faire évoluer favorablement les projets individuels et collectifs. Dans une perspective émancipatrice, nous souhaitons orienter les bénéficiaires de notre aide vers des structures capables de répondre à leurs besoins sans qu’ils y soient contraints.

Toutes les démarches de S.T.A.R s’effectuent dans le respect inconditionnel de chacun et le rejet de toute forme de discrimination. Une attention particulière est accordée aux biais, stéréotypes et préjugés qui peuvent exercer une influence sur les pratiques professionnelles socio-éducatives et judiciaires, afin qu’ils soient, autant que possible, évités.

Les membres de l’équipe de S.T.A.R., tout en refusant de réduire les victimes des actes reprochés aux mineurs à ce seul statut, œuvrent pour prévenir la double victimisation tout au long du processus restaurateur.

Nos objectifs

Nos rencontres avec les jeunes et les familles nous ont permis de recenser une série de besoins chez un grand nombre des jeunes que nous accompagnons. Ces besoins ont été traduits par des objectifs poursuivis par l’équipe de S.T.A.R. :

– L’ouverture des jeunes au lien social et à l’altérité;
– L’ouverture à une conscience de la vie sociale et des fonctions des principales institutions sociales;
– L’ouverture à une conscience de la loi, dans son pôle protecteur (droits) et normatif (interdits, devoirs);
– L’apprentissage du respect de soi, de l’autre et des règles;
– L’apprentissage de la tolérance;
– L’apprentissage de l’esprit critique;
– Le développement d’une conscience citoyenne.

Ces besoins généraux traversent toutes les missions de S.T.A.R. Nous avons également développé chacune de nos missions en fonction de besoins particuliers, qui sont détaillés dans le catalogue de nos missions (onglets « mesures » et « médiations »).

Les principales références de notre projet éducatif
Spécificités de l’adolescence et du travail socio-éducatif auprès de ce public

L’adolescence est une période de transition marquée par des changements majeurs, tant pour le jeune que pour sa famille. Selon plusieurs théories du développement, cette phase implique des tâches spécifiques, notamment la construction de l’identité. Pour y parvenir, l’adolescent doit explorer son autonomie, ce qui nécessite un ajustement des relations familiales : les parents doivent assouplir les règles tout en maintenant un cadre sécurisant.

Les relations avec les pairs jouent un rôle central dans cette quête d’identité, mais elles peuvent aussi favoriser des comportements déviants, notamment pour renforcer la cohésion du groupe. De plus, des tensions familiales liées à un excès de contrôle ou à un manque de repères peuvent pousser l’adolescent à chercher du soutien à l’extérieur, quitte à adopter des conduites à risque.

Cependant, ces comportements sont généralement transitoires et font partie du processus normal de développement. C’est pourquoi la plupart des jeunes abandonnent leur activités délinquantes au début de l’âge adulte : c’est ce qu’on appelle la « primo-désistance ». Néanmoins, certaines familles rencontrent des difficultés à gérer cette période, d’où l’importance d’un accompagnement parental pour trouver un équilibre entre autonomie et limites. L’équipe de S.T.A.R. insiste ainsi sur la collaboration avec les familles pour favoriser le bon développement de l’adolescent.

Les conduites à risque à l’adolescence

Pour Robert Neuburger, les comportements à risque peuvent avoir pour fonction de répondre à un besoin d’appartenance et, lorsque ce besoin n’est pas ou peu comblé, être des tentatives de se faire auto-exister. En effet, le sentiment d’exister est construit à partir des appartenances. Selon Serge Paugam, c’est par l’assurance de « compter pour » et « compter sur » l’autre que l’on se sent exister et que l’on se construit une identité, car ces deux faces complémentaires du lien social comblent les deux besoins fondamentaux de l’être humain : la protection et la reconnaissance. L’adolescence, période clé de construction identitaire et de développement de l’autonomie, accentue la dépendance à l’égard d’autrui, tout particulièrement des pairs. Le jeune investit fortement les liens avec d’autres jeunes, qui proposent des repères différents de ceux de la famille.

Toutefois, cette quête d’appartenance peut conduire à des conduites à risque. Un accompagnement peut alors être nécessaire pour aider le jeune à concilier ses loyautés familiale et amicale, à respecter les règles tout en affirmant son autonomie, et à développer un esprit critique face aux influences de groupe.

Lorsque le sentiment d’existence est fragilisé par des difficultés relationnelles, l’isolement ou le rejet, l’adolescent peut adopter des comportements dits « ordaliques », mettant sa vie en danger non pour mourir, mais pour éprouver sa propre existence. Il peut aussi chercher une reconnaissance à travers ces actes ou développer des formes de dépendance à des objets (drogues, écrans, etc.) qui remplacent le lien social. Ainsi, la finalité de l’accompagnement des jeunes qui rencontrent ce type de problématique est de les aider à (ré)investir le lien social comme source de protection et de reconnaissance.

La prévention et la lutte contre la désaffiliation sociale des jeunes

La précarité s’aggrave dans de nombreux pays, notamment en Belgique, où la mobilité sociale est en déclin. Selon Olivier De Schutter, il faut aujourd’hui quatre à cinq générations pour qu’un enfant issu d’un milieu défavorisé atteigne un niveau de revenu moyen. Cette persistance de la précarité s’accompagne d’une diminution de l’accès aux aides sociales, en raison d’une augmentation des conditions requises pour en bénéficier, un phénomène qui touche particulièrement les jeunes.
Par ailleurs, on observe un transfert progressif de la solidarité institutionnelle vers la solidarité individuelle : les citoyens sont de plus en plus incités à se tourner vers leur entourage (famille, amis, associations) pour obtenir de l’aide. Cette évolution est particulièrement problématique pour ceux qui n’ont pas de réseau de soutien.

Robert Castel définit la désaffiliation sociale comme une rupture progressive des liens sociaux, qui conduit à une marginalisation des individus précaires. Ce phénomène est renforcé par la mise en concurrence des individus dans nos sociétés modernes. Serge Paugam complète cette analyse avec le concept de disqualification sociale, qui désigne la perte de protection et de reconnaissance, entraînant une vulnérabilité accrue et une stigmatisation des personnes les plus précarisées.

Les jeunes constituent une population particulièrement vulnérable à la désaffiliation et la disqualification sociale, notamment en raison des transitions importantes qui jalonnent leur passage à l’âge adulte (fin de la scolarité, entrée dans le monde du travail, passage à la majorité) et d’un moindre accès aux aides sociales. Ces changements peuvent entraîner des ruptures familiales, scolaires ou institutionnelles. Certains jeunes se retrouvent en situation d’errance, sans domicile fixe ou en hébergement temporaire, ce qui impacte leur accès aux aides, leur parcours scolaire ou professionnel, ainsi que leur santé physique et mentale. Ce manque de stabilité et de reconnaissance sociale peut les conduire à une marginalisation et à un non-recours aux droits sociaux.

L’intégration sociale est un facteur déterminant dans la prévention et le traitement de la délinquance juvénile. Selon Travis Hirschi, plus un individu est attaché à des institutions sociales fondamentales (famille, école, travail, loisirs…), moins il a de chances d’adopter un comportement délinquant. En effet, ces liens favorisent l’intériorisation des normes et valeurs de la société, limitant ainsi les comportements transgressifs. De plus, un individu intégré socialement a plus à perdre en cas de déviance. D’autres recherches, comme celles de John Laub et Rob Sampson, montrent que des événements structurants dans la vie des jeunes adultes (trouver un emploi, construire une relation stable) peuvent jouer un rôle clé dans leur sortie de la délinquance en leur apportant de la reconnaissance, une place valorisante au sein du groupe social, ainsi qu’un contrôle social. À l’inverse, les jeunes adultes qui persistent dans la délinquance sont souvent ceux qui, en raison d’un « handicap cumulé » (échecs scolaires, conflits familiaux, chômage…), n’ont pas accès à ces opportunités d’intégration et cherchent dans la délinquance une forme de reconnaissance sociale.

Ainsi, lutter contre la désaffiliation sociale implique de renforcer les liens sociaux des jeunes en difficulté, conditions essentielles pour éviter leur marginalisation et la pérennisation de leurs activités délinquantes.

L’alliance éducative, un moteur de primo-désistance

L’intervention de la justice et des différentes institutions auxquelles elle peut faire appel pour l’exécution de ses décisions ne favorise pas nécessairement l’amorce du processus de désistance. Elle peut même avoir l’effet contraire. La théorie de l’étiquetage de Howard Becker nous enseigne que la désignation d’un individu comme transgresseur a pour conséquence un changement identitaire. En effet, l’individu stigmatisé n’a d’autre choix que de se conformer à son étiquette de délinquant et de se comporter en conséquence. Dès lors, malgré de bonnes intentions, l’intervention d’institutions socio-judiciaires peut être délétère pour les jeunes en conflit avec la loi. Le risque est en effet d’étiqueter le jeune comme un délinquant et, de cette manière, « d’énoncer une prophétie qui contribue à sa propre réalisation« . Dans ce cas, si l’objectif est de prévenir l’entrée dans une carrière délinquante, l’intervention institutionnelle perd tout son sens. A S.T.A.R., nous prenons toutes les précautions nécessaires pour que notre attitude à l’égard des adolescents ainsi que de la manière dont nous les désignons ne renforcent pas un stigmate négatif.

A l’inverse, notre objectif est de valoriser le jeune en mettant en lumière ses forces et en l’aidant à exploiter ses ressources. Nous visons à développer son agentivité, soit la croyance en sa propre capacité à agir pour transformer ses conditions d’existence et saisir les opportunités de changement. Ce changement peut différer de ses attentes initiales et repose avant tout sur la croyance en sa faisabilité. Cette croyance se construit à partir des expériences passées de réussite et d’échec ainsi que du regard des autres. En effet, la confiance de personnes perçues comme légitimes (parents, amis, intervenants sociaux…) renforce le sentiment d’agentivité. Ainsi, les relations entre intervenants sociaux et personnes en voie de désistance jouent un rôle clé : la confiance d’un travailleur social envers un (futur) désistant favorise la croyance en ses capacités de changement. Ce phénomène n’est pas nouveau : il s’agit d’un effet Pygmalion, bien documenté dans les études sur la réussite scolaire, qui montrent une amélioration de la motivation et des performances d’un individu lorsqu’une personne considérée comme légitime croit fermement en sa possibilité de réussite.

C’est pourquoi nous plaçons au cœur de notre intervention l’établissement d’une alliance éducative solide, qui n’est pas un prérequis au travail socio-éducatif mais, au contraire, résulte d’un accompagnement adéquat. L’établissement d’un lien de qualité permet la construction d’un accompagnement sur-mesure. En effet, ce type de relation favorise l’expression des besoins des bénéficiaires de l’aide (les jeunes et leurs familiers) et leur investissement dans l’accompagnement.

De plus, une relation de qualité entre intervenants et bénéficiaires favorise la transmission de dispositions aidant à saisir des opportunités de désistance. Robert K. Merton explique, via sa théorie de la tension, que l’inégale répartition des moyens légitimes d’atteindre la réussite pousse certains à emprunter des voies illégitimes, comme la délinquance. Laurent Mucchielli et Alice Gaïa montrent comment l’exclusion symbolique du modèle d’intégration sociale (emploi stable, mariage, propriété) renforce ce phénomène, en particulier pour les jeunes issus de milieux défavorisés. Le sentiment d’illégitimité, lié à l’absence de modèles et de soutien, freine leur accès à des trajectoires professionnelles plus conventionnelles. De plus, les désistants évoluant dans des environnements où l’offre délinquante est forte et les opportunités de changement rares doivent reconfigurer leurs relations sociales et adopter un mode de vie conventionnel avec peu de ressources sur lesquelles s’appuyer. Ainsi, l’un des rôles essentiels de l’intervention socio-judiciaire auprès des jeunes en conflit avec la loi est de favoriser l’augmentation de leurs capitaux socio-culturels en leur transmettant des savoir-être et des savoir-faire permettant de rencontrer des opportunités de changement, c’est-à-dire de savoir comment les saisir lorsqu’elles se présentent et de se sentir légitimes de le faire. Selon Xavier de Larminat, « lorsque la période de délinquance se présente comme une parenthèse par rapport au déroulement de la socialisation primaire, il est nécessaire d’appréhender comment s’activent ou se réactivent, à l’occasion d’un processus de désistance, d’anciennes dispositions qui avaient été temporairement mises en sommeil. À l’inverse, lorsqu’une personne a été socialisée très jeune à la délinquance, l’enjeu consiste plutôt à identifier ce qui rend possible le transfert ou la conversion de ses dispositions antérieures dans une autre direction« .

Spécificités du travail socio-éducatif en contexte d’aide contrainte

Guy Hardy a mis en évidence le paradoxe selon lequel on attend d’une personne contrainte qu’elle adhère volontairement à l’aide afin de provoquer un véritable changement de sa situation. A S.T.A.R., nous avons conscience que se voir contraindre une aide est difficile à vivre, tant pour les jeunes que pour les familles. Sentiment d’injustice, d’être disqualifié dans son rôle de parent, soulagement de ne plus être seul face à une situation difficile, peur à l’idée d’être jugé ou encore méfiance à l’égard des travailleurs sociaux qui viennent s’immiscer dans l’intimité de la famille… Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réaction lorsqu’on se voit imposer une aide dont on ne voulait pas et que l’on doit, malgré tout, collaborer un minimum avec des personnes qu’on ne connaît pas. Les travailleurs sociaux de notre service s’efforcent de créer un espace d’écoute et un climat de confiance pour que l’accompagnement socio-éducatif se déroule dans les meilleures conditions.

Les professionnels socio-judiciaires gagnent à collaborer étroitement avec les familles des jeunes, car les liens familiaux jouent un rôle clé dans la primo-désistance. En effet, Valérian Benazeth montre que les relations familiales favorisent une « prise de conscience par procuration », déconstruisant l’illusion d’une réussite sociale via la délinquance. La volonté de ne pas faire souffrir leurs proches et de les rendre fiers constitue également un puissant moteur de changement. Bien que l’adolescence soit souvent marquée par des conflits familiaux, les membres de la famille peuvent agir comme « tuteurs de désistance ». Asma Cherigui souligne le rôle de figures de soutien (parents, éducateur, enseignant, psychologue) dans leur parcours de sortie de la délinquance. Ces « tuteurs de désistance » apportent estime et affection, aidant à surmonter l’adversité et à se protéger de ses propres comportements transgressifs. Les travaux de Cherigui et Benazeth illustrent l’importance d’intégrer les proches à l’accompagnement pour soutenir le processus d’intégration sociale. La famille étant un moteur de changement puissant, il nous semble essentiel d’éviter tout jugement ou culpabilisation des parents, au risque de compromettre la relation avec les intervenants et l’efficacité du suivi.

Justice restauratrice et traitement de la délinquance juvénile

Selon Anne Lemonne, la justice restauratrice vise à réparer les dommages liés à la commission d’une infraction, voire, pour certains de ses promoteurs, à restaurer le lien social, par la mise en place de processus de résolution de conflit entre auteur et victime (médiation, par exemple) et de solutions permettant à l’auteur de dédommager matériellement ou symboliquement la victime de l’acte répréhensible. Pour Sandrine Lefranc, la justice restauratrice repose sur quatre principes fondamentaux : (1) le crime est perçu comme un conflit entre individus plutôt qu’une transgression légale; (2) les solutions doivent émerger d’un dialogue consensuel impliquant toutes les parties concernées; (3) la réparation des torts et la prévention des récidives, notamment par une « prise de conscience » du mal causé, doivent être les priorités ; (4) enfin, l’objectif est d’améliorer les relations entre la victime et le délinquant tout en réintégrant ce dernier dans la communauté.

Dans la justice des mineurs, la justice restauratrice a été présenté, dans ses débuts, comme une voie alternative au paradigme rétributif (centré sur la punition) et protectionnel (centré sur l’accompagnement socio-éducatif et le soin), tous deux critiqués pour leurs effets stigmatisants et producteurs d’inégalités. Cependant, elle a également fait l’objet de plusieurs critiques. L’introduction du paradigme restaurateur a eu pour effet d’étendre et de densifier le filet du contrôle social et pénal, car certains cas qui n’étaient auparavant pas gérés par le système de justice criminelle le sont à présent par le biais des pratiques restauratrices, et parce que celles-ci ont tendance à se cumuler à des pratiques rétributives ou protectionnelles (et non à s’y substituer). De plus, les appropriations multiples et parfois contradictoires de la bannière de la justice restauratrice ont donné lieu à un ensemble de pratiques très hétérogènes, dont certaines sont fort éloignées de la philosophie restauratrice et beaucoup plus proches de logiques punitives (perçues comme des moyens de « payer » pour l’acte qui a été commis). Par ailleurs, certaines études ont mis en évidence un risque de victimisation secondaire, en particulier pour des faits de violences sexuelles, conjugales et d’attentat terroriste. Néanmoins, d’autres recherches montrent des effets positifs des pratiques de justice restauratrices. En effet, la rencontre de jeunes auteurs avec des personnes victimisées par leur action peut avoir un impact positif sur leur développement moral et leur capacité à adopter des comportements pro-sociaux, car cela humanise la victime et permet aux jeunes de réfléchir aux conséquences de leurs actes. De plus, le processus restaurateur permet l’établissement d’un lien de meilleure qualité avec les institutions judiciaires.

Ainsi, pour que les pratiques de justice restauratrices aient un effet bénéfique pour toutes les parties concernées, S.T.A.R. prend plusieurs précautions. D’abord, en ce qui concerne les offres restauratrices, nous accordons une grande importance au respect du consentement à la participation. Ensuite, les intervenants sociaux s’assurent que le processus ne réactive pas les traumatismes des victimes, particulièrement dans des cas de violences graves. De plus, ils veillent à ce que les pratiques de justice restauratrices ne soient pas perçues comme une punition, afin d’éviter la stigmatisation des jeunes. Le processus doit favoriser une approche consensuelle entre l’auteur et la victime, en veillant à ce que les deux parties puissent s’exprimer librement et être entendues.

Activités scientifiques
Rapport de recherche 2023-2024

Entre 2023 et 2024, S.T.A.R. a accueilli dans son équipe Lila Martin, psychologue clinicienne et criminologue, afin qu’elle analyse les pratiques professionnelles de l’équipe tout en accompagnant les jeunes du service. Cette recherche avait pour objectif de mettre en lumière les points forts de l’intervention de S.T.A.R., d’identifier des pistes d’amélioration de nos pratiques, de mieux cerner les besoins des bénéficiaires et de fonder nos actions sur un référentiel scientifique solide et actuel. Pour ce faire, elle a axé sa problématique sur le concept de primo-désistance. En effet, Lila Martin s’est demandé comment l’intervention de S.T.A.R. peut favoriser l’intégration sociale des jeunes, et de ce fait, favoriser leur désengagement envers leurs activités délinquantes.

Son travail a abouti à un rapport de recherche, dont le résumé est disponible via ce lien :

Si vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez demander l’accès au rapport de recherche complet en envoyant un mail à l’adresse de S.T.A.R., asblstar@hotmail.com.